Jump to content

Carapaces et carapaces. [Fan-Fiction]


Chimiasai
 Share

Recommended Posts

Inspire... Expire... Inspire... Expire. Encore. Concentres-toi, laisse couler les idées superflues.

 

Les cris lointains d'hommes et de femmes morts, la douce chaleur d'un soleil bien lointain qui illumine ma carapace, l'équilibre inégalée de ma poigne sur ma lame aux formes organiques et pourtant si artificielle, le souffle aride provenant de l'est de ma position qui m'apporte les flagrances de la peur, de l'empressement, des joints d'armures huilés, de la salive qui vient maculer la gorge de chacun au bord du vomissement.

L'information est plaisante, j'en ressens un frisson tandis que je resserre ma poigne sur le métal et resserre ma détermination. Aujourd'hui encore, je ne faillirai pas et aujourd'hui encore, je gagnerai ma paix. Ma foulée est légère, mes articulations souples ne me restreignent en aucun cas lorsque je le souhaite mais je ne force pas plus l'effort qu'est nécessaire tandis que derrière moi, j'entends le doux chuintement d'autres carapaces, d'autres dont l'apparence ne change que peu. Je ne tourne pas la tête pour voir ce que je sais déjà, leur tenue de l'arme laisse à désirer, leurs foulées me suivent parfaitement mais l'endurance qu'ils ont ne peuvent égaler l'agilité d'un corps qui est sien, ils semblent encore désynchronisé, leurs capteurs envoyant sans cesse des signaux entre eux, des informations sur l'architecture des lieux.

Ils sont si jeunes et pourtant nous avons le même âge. Ils sont autant expérimentés que moi et pourtant ils ne sont pas prêt. Leur réveil est si difficile, pourquoi nous avons été perdu dans les souvenirs?

 

Inspire... Expire... Inspire... Expire. Les pensées déconcentrent, l'instant est le plus important. Analyser, comprendre, réagir, agir. Il ne s'agit pas d'un rêve.

 

"La situation est dégagée, les lieux sont vidées de toute présence hostile.

-Bien. Je vais à l'extraction, je vous laisse à votre pillage.

-Pard-?!"

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je ne suis pas ici pour récupérer les ressources des Grineers, ni piller les restes des morts. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de partir de ces lieux, de les laisser à l'abandon avant que d'autres cafards ne viennent le prendre de force alors que plus rien ne s'opposera à eux. Si sensibles aux apparences qu'ils en délaissent tout l'aspect pratique, le flot continuel de ces... Clones ne s'arrête donc pas?

Je lève la tête vers le ciel, mes orbites creux dirigés vers l’océan cobalt qui perce entre les hauteurs qui enferment ce canyon, qui lui donnent forme et consistance, puis déplace lentement mon poids sur mon sabot droit, la carapace émettant un cliquetis métallique tandis qu'elle se déforme pour prendre une autre des formes qu'on lui a permis de prendre, je cesse de m'appuyer sur la pierre rouge pour écraser le sable et enfoncer quelques millimètres de moi-même dans sa composition granuleuse.  Je ne les entends pas, personne n'est dans les environs et... Tant mieux. Ils me jugeraient maladroit ou égoïste alors qu'un coup sec, je rejette la lame couverte de sang dans le sable boueux que le sang a maculé, rajoutant le sanguin aux teintes colorées de ce sable arrachée aux canyons.

La lame est belle, équilibrée et efficace, mais elle n'est pas plaisante. Je n'aurai pu demander à Aveus de le faire avec plus de talent, ni de délicatesse mais ce n'est pas moi. J'ai beau le sentir. Déjà, ma carapace devient poreuse... Bientôt, les vibrations de cette mécanique délicate viendront chasser le sang durcissant, l'absorbant ou le soufflant pour ne laisser rien qu'une suite de lignes, de couleur, de formes prédéfinis. Même si je le désirai, le sang ne collerait pas, rien ne vient et viendra détruire ou entacher la douceur acide de ma carapace. De ma carapace. J'en ressens une fierté animale de savoir que je la porte aussi bien et plus, à la savoir exempt de toutes éraflures. Comme toujours, les cuvées destinées à Mars souffrent d'une déficience liée à l'oeil droit ainsi qu'une faiblesse musculaire pour les bras, aucun n'a pu et n'aurait pu traverser mes boucliers déflecteurs. 

Où en étais-je? ... Ah, oui. Le métal orné luisait à l'ombre des canyons qui couvraient la surface martienne mais qu'importe. Qu'importe la chair qui venait s'étaler juste à côté, outils du bourreau et victimes réunis dans leur coin, comme rangés par un enfant inconséquent de ses bêtises. Mais l'enfance n'est plus là et pourquoi confondre stupidité et efficacité?                          Je n'ai pas besoin de plus que de la paix et je l'ai vérité.  Et c'est à ce moment que je me ploies, ma chair, mes muscles, ma forme se contractant tandis que ma carapace soupire, l'air chaud s'échappant de ses jointures avant que je ne bondisse, mes sabots pressant le sable tandis que mon corps s'étire vers le ciel, vers l'océan, vers le néant tandis que chaque pensée, chaque pas vers l'élévation s'accompagne d'une réflexion, d'un calcul de mon esprit au moment même où mes membres viennent prendre la pierre, s'y agrippant avant que la traction déployée me projette plus haut, plus loin, plus fort. La résistance de l'air augmente, les vibrations viennent perturber mes capteurs avant que des tampons ne viennent aussitôt se mettre en place, mettant sous silence une partie du monde, l'effaçant de ma perception au moment même où elle grandit.

Jaillissant de la pierre, des canyons, je les domine enfin de ma présence. Ai-je changé? Vais-je changer? Qu'importe ce que je fais, jamais je ne refuserai la beauté d'un monde. Sous mes yeux aveugles, je vois ce plateau percé, creusé par ce qui aurait pu être de l'eau ou nos ancêtres, à la recherche de ressources. Je le vois, cette formation qui était autrefois unie et qui est désormais balayé par un vent brutal, qui arrache le sable de la pierre à la moindre faiblesse, qui balaye autant le sommet de la pierre sur laquelle je repose que les nuages dans le ciel, ne laissant que l'océan pour unique horizon au-dessus de moi à l'exception du poisson solaire qui est bien plus profond. Et plus loin? Alors que j'abaisse mon regard, descendant mes capteurs du ciel vers l'horizontal, je laisse peu à peu apparaître les montagnes au loin, au sud. Leur couleur rougeoyante tournant vers l'orange étant le reflet de celles que je chevauche actuellement, séparé entre deux par un désert de grains jaunâtres que je vois voltiger en des vagues dont les miroitements sont presque hypnotiques.

Non, ce monde est trop beau, cette vision est magnifique. Il est temps de m'asseoir, de m'installer. Les jambes croisées, les mains réunies sur mes cuisses, j'ouvre la bouche charnue malgré ma carapace... Et j'inspire.

Link to comment
Share on other sites

Create an account or sign in to comment

You need to be a member in order to leave a comment

Create an account

Sign up for a new account in our community. It's easy!

Register a new account

Sign in

Already have an account? Sign in here.

Sign In Now
 Share

×
×
  • Create New...